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Promouvoir l'accès et l'accessibilité : Une entrevue avec la paratriathlète et récipiendaire d'une bourse FACE, Leanne Taylor

En 2018, alors que Leanne Taylor faisait du vélo de montagne avec son fiancé dans le sentier Bison Butte à Winnipeg, elle a malheureusement heurté une bosse qui l'a fait passer par-dessus son guidon. Tomber est chose courante pour ceux qui pratiquent le vélo de montagne, mais cette chute était bien différente. Leanne a disloqué sa colonne vertébrale entre la 9e et 10e vertèbre thoracique, ce qui l'a laissée paralysée de façon permanente à partir de la taille.

Durant son rétablissement, Leanne a découvert le paratriathlon et a participé à sa première course seulement huit mois après son accident. Depuis les cinq dernières années, elle est devenue une athlète de calibre mondial, et elle a comme objectif de prendre part aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Elle a également reçu une bourse du programme Favoriser les athlètes et les entraîneurs à la conquête de l'excellence (FACEMC) en 2020 et en 2022.

Photo de Leanne Taylor, para-triathlète
Photo fournie par Leanne Taylor

À l'aube de la Journée internationale des personnes handicapées annuelle (3 décembre), j'ai discuté avec Leanne de la progression de son entraînement, des répercussions qu'a eues le parasport sur sa vie et de la planification de son mariage.

PC : Merci infiniment d'avoir pris du temps dans ton horaire très chargé pour discuter avec moi aujourd'hui! Comme tu le sais, le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées, une journée spécifiquement dédiée à célébrer les réalisations et à promouvoir l'inclusion. Selon ta perspective, quels changements ou initiatives sont les plus importants pour favoriser un environnement plus inclusif pour les personnes handicapées dans le monde du sport et dans la société?

Lorsqu'ils voient une personne handicapée, plusieurs se disent : « C'est tellement triste. Ça doit être vraiment difficile ». J'utilise moi-même un fauteuil roulant, donc les gens pensent que « la vie en fauteuil roulant doit être si difficile ».

Cependant, ce qui rend la vie en fauteuil roulant difficile, c'est le manque d'accessibilité, et non le handicap en lui-même.

Par exemple, il y a certaines choses physiques que je ne peux pas faire en tant qu'utilisatrice d'un fauteuil roulant; toutefois, il y a plusieurs choses physiques que je ne peux pas faire, non en raison de mon handicap, mais en raison du manque d'accessibilité ou d'accès. Par exemple, je peux nager une distance de 5 km sans problème, mais je n'ai pas accès à certaines piscines.

Un autre exemple : à certains événements sportifs, si une personne handicapée souhaite acheter un billet pour un siège accessible, elle peut souvent n'inviter qu'un seul ami. Toutes ces petites situations nous empêchent de prendre pleinement part à des événements considérés « normaux » ou disponibles pour les autres.

Les gens pensent qu'avoir un handicap est malheureux, mais ils ne réalisent pas que ce qui est réellement malheureux, c'est le manque d'accessibilité.

 

PC : Par conséquent, il serait important de mettre l'accent sur la recherche de solutions pour rendre ces espaces et événements plus accessibles?

Oui. Par exemple, lorsque je communique avec les organisateurs d'un événement et leur demande si je peux y participer, souvent, ils ne savent pas comment s'y prendre, donc la réponse est « non ». Ce n'est pas parce qu'ils en sont incapables, mais bien parce qu'ils sont mal à l'aise de ne pas savoir quoi faire et de demander de l'aide.

Mais dans la plupart des cas, les gens veulent vraiment dire « oui », donc ils communiquent de nouveau avec moi et me demandent comment rendre un événement accessible. C'est difficile à faire! Il peut être difficile de dire « oui », mais les gens qui sont prêts à avoir ces conversations peuvent ouvrir beaucoup de portes.

 

PC : Quel conseil donneriez-vous aux personnes handicapées qui pourraient hésiter à pratiquer des sports ou des activités physiques?

Quand je pense à mon introduction aux parasports, je pense à la façon dont je me sentais quand j'ai voulu aller nager pour la première fois après mon accident. Une des plus grandes difficultés auxquelles une personne handicapée fait face lorsqu'elle commence un nouveau sport, c'est qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait. Et les gens vont vous regarder - les personnes handicapées attirent l'attention. Ce n'est pas parce qu'ils sont méchants, mais bien curieux. C'est ce qui peut rendre difficile l’essai de quelque chose de nouveau et provoquer énormément de peur.

Une chose qui me motive quand je suis dans un environnement unique - et que les gens me regardent et que je me sens un peu gênée - est que la prochaine fois que les gens verront une personne handicapée dans cet environnement, la situation n'attirera pas autant l'attention.

Il est parfois difficile d'être motivé à faire quelque chose juste pour soi-même, mais on réalise que chaque fois qu'on essaie quelque chose de nouveau ou d'inconfortable, on rend service à l'ensemble des personnes handicapées. Nous pouvons tous devenir à l'aise de voir des personnes handicapées dans ces espaces.

Photo de Leanne Taylor, para-triathlète alignée dans l'eau, prête à participer à la partie natation d'un triathlon
Photo fournie par Leanne Taylor

PC : Sur vos médias sociaux, vous avez partagé plusieurs vidéos montrant comment vous avez rendu votre maison plus accessible. Avez-vous reçu des commentaires par rapport à ces vidéos?

J'ai publié ces vidéos parce qu'un jour, alors que j'étais sortie à vélo, une femme qui me suit sur les médias sociaux m'a abordée. Elle a expliqué qu'une personne dans sa vie utilisait maintenant un fauteuil roulant et qu'elle était curieuse de savoir comment rendre sa maison plus accueillante et accessible pour cette personne, considérant que la maison ne lui appartenait pas. À l'origine, notre première maison n'était pas conçue pour être entièrement accessible à un fauteuil roulant, donc je suis en mesure de montrer des façons différentes et graduelles de rendre les choses un peu plus faciles ou accessibles pour une personne en fauteuil roulant.

 

PC : Comment se passe l'entraînement? Les Jeux paralympiques de Paris 2024 sont-ils le prochain grand événement auquel tu te prépares?

L'entraînement se passe très bien. Il y a des athlètes qui adorent les courses, et d'autres qui adorent l'entraînement; pour ma part, j'adore l'entraînement! Dans le cadre des Jeux de Paris, les qualifications ont lieu pendant un an et sont basées sur les trois meilleurs pointages que vous obtenez aux événements de qualification. Ensuite, les neuf meilleurs athlètes dans la cohorte sont sélectionnés. Jusqu'à présent, j'ai obtenu deux excellents pointages. Le troisième événement était censé être l'épreuve préparatoire en vue du paratriathlon aux Jeux de Paris, mais la qualité de l'eau n'était pas assez bonne pour la nage. Ainsi, je prendrai part à un autre triathlon complet en mars. Donc si je continue de performer comme en ce moment, je devrais me qualifier. Nous ne le saurons toutefois pas avant cette épreuve. Mon entraîneur me dit que je devrais arrêter de m'inquiéter!

  

PC : Les sports peuvent faire vivre des hauts et des bas intenses. Qu'est-ce qui te motive à continuer de repousser les limites et à te lancer de nouveaux défis?

Quand on pense à ce qu'on essaie d'accomplir, on a des objectifs qui reposent sur des médailles, la ligne d'arrivée et des résultats précis, mais si c'est la seule chose qui vous motive, vous êtes susceptible d'être déçu lorsque des choses hors de votre contrôle se produisent et vous empêchent d'atteindre les résultats escomptés. D'une certaine façon, le triathlon est un sport chaotique et tout peut arriver - une crevaison, des différences dans les cartes, des accidents durant la course - ce qui peut avoir une incidence sur les résultats.  

Même si je tiens à décrocher une médaille à Paris, ça ne peut pas être la seule chose qui me motive. Ainsi, quand j'approche une ligne de départ, je prends une minute pour me rappeler que j'ai été brave, que j'ai travaillé fort et que j'ai surmonté tellement de choses pour m'y rendre. Je prends un moment pour apprécier les aptitudes que j'ai développées et les capacités requises pour simplement se rendre à cette ligne de départ. Que je décroche ou non la médaille, quand je rentrerai à la maison après les Jeux, ce ne sera qu'un morceau de métal et la personne que je suis devenue sera la véritable réalisation.

Photo de Leanne Taylor, paratriathlète, dans son fauteuil roulant de course, courant le long d'une piste.
Photo fournie par Leanne Taylor

PC : De quelle façon la pratique du triathlon a-t-elle eu une incidence sur votre bien-être et votre qualité de vie en général?

Quand je me suis blessée, les gens me visitaient à l'hôpital et pleuraient, ce que je comprenais puisque le type de blessure que j’ai subi est triste et traumatisant pour tout le monde. Cependant, je ne voulais pas que les gens se disent « Oh, c'est si triste ce qui lui est arrivé » lorsqu'ils me voient. Quand j'étais encore aux soins intensifs, une des choses que j'ai dites à mon fiancé était que je voulais bâtir une vie, après ma blessure, qui était si extraordinaire que nous n'aurions pas le désir de revenir en arrière et d’empêcher la blessure de se produire.

C'est un projet ambitieux et au début, ce n'était probablement pas le cas; mais ma blessure remonte à cinq ans, et je peux dire honnêtement que si j'avais l'option de revenir en arrière, je ne le ferais pas. Les liens que j'ai créés avec des gens, la confiance en moi que j'ai développée et la vie que j'ai bâtie pour ma famille sont si positifs. J'ai le sentiment d'être exactement où je devrais être. Une grande partie peut être attribuable au parasport - l'environnement que vous intégrez ainsi que les gens que vous rencontrez et ce qu'ils vous apprennent par rapport à ce qui compte vraiment.

 

PC : Sur une note personnelle, tu te maries bientôt. Comment se passe la planification du mariage, en particulier en tant que personne handicapée?

Nous avons choisi une salle de réception accessible. Au moins trois personnes en fauteuil roulant seront présentes, donc nous voulions nous assurer de pouvoir nous déplacer facilement de table en table. De plus, une de mes coéquipières qui est aveugle devait être présente (malheureusement, ce n'est plus le cas). À ce moment-là, nous avons parlé de faire appel à un narrateur pour la cérémonie; comme elle est complètement aveugle, elle n'aurait pas nécessairement su ce qui se passait. Nous avons pensé qu'il serait bien de faire voir à nos invités l'expérience d'autres personnes.

 

PC : Leanne, merci énormément d'avoir expliqué ton histoire et ton point de vue. Félicitations pour ton mariage à venir; nous te souhaitons beaucoup de bonheur. De plus, nous t'encouragerons durant ton parcours vers Paris.

Si vous souhaitez suivre le parcours de parasport de Leanne, vous pouvez consulter sa page Instagram et son compte TikTok. Nous présenterons également l'entrevue de Leanne sur notre page Instagram. Nous sommes reconnaissants du dévouement de Leanne envers la promotion d'espaces plus inclusifs pour les personnes handicapées – un thème clé dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées (anglais seulement) – en plus de ses propres objectifs liés au parasport et nous sommes fiers d'appuyer ses rêves d'athlète.

Depuis 1988, Petro-Canada a appuyé plus de 3 500 athlètes canadiens et leurs entraîneurs en offrant un soutien financier de plus de 13,5 millions $ grâce au programme de subvention Favoriser les athlètes et les entraîneurs à la conquête de l'excellence (FACEMC). Parmi ces athlètes, des centaines ont ensuite représenté le Canada aux Jeux olympiques et paralympiques. Renseignez-vous davantage sur le programme FACE et la façon dont nous soutenons les athlètes et entraîneurs canadiens depuis 35 ans.  


Innovation et inclusion dans le sport : une entrevue avec le paralympien Zak Madell

À Petro-Canada, nous croyons au pouvoir transformateur du sport, tant pour les individus que pour les collectivités. Nous le voyons dans la croissance et le perfectionnement des athlètes et des entraîneurs canadiens que nous appuyons grâce aux bourses du programme Favoriser les athlètes et les entraîneurs à la conquête de l’excellence (FACE) de Petro-Canada. Nous le ressentons lorsque nous regardons les Canadiens concourir aux Jeux olympiques et paralympiques, et que tout le Canada se rassemble pour soutenir les athlètes et les entraîneurs portant la feuille d'érable.

Cette conviction est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes enthousiasmés par le thème de la Journée internationale des personnes handicapées de cette année (3 décembre) : Des solutions pour un développement inclusif : le rôle de l'innovation pour un monde accessible et équitable. Tout particulièrement, l'ONU présente le sport comme un cas exemplaire en matière d'innovation pour un développement inclusif du handicap et un secteur pour l'innovation, l'emploi et l'équité.

Zak Madell, Wheelchair Rugby, Tokyo 2020
Photo : Comité paralympique canadien

Nous voulions entendre un athlète canadien parler de l'impact de l'innovation sur son sport. L'an dernier, lors de notre entrevue avec Catherine Gosselin-Després, directrice exécutive, Sport au Comité paralympique canadien, nous avions appris l'existence de réparations sur place pour les athlètes pendant les Jeux paralympiques, en particulier dans le sport difficile du rugby en fauteuil roulant (aussi connu sous le nom de Murderball). Cela semblait donc être un bon point de départ pour une discussion sur l'innovation dans le sport. Nous avons été ravis de rencontrer Zak Madell, athlète de rugby en fauteuil roulant et triple paralympien.

Quand Zak avait 10 ans, il a perdu ses doigts et ses jambes à cause d'une infection septique à staphylocoques. Après son rétablissement, Zak s'est d'abord impliqué dans le parahockey sur glace, mais a eu du mal à tenir suffisamment bien le bâton pour jouer à un niveau élevé. Il a ensuite été initié au basketball en fauteuil roulant, qui faisait appel à sa nature compétitive et à son amour de la vitesse. Enfin, il a été recruté pour jouer au rugby en fauteuil roulant en 2011 et a connu une ascension fulgurante dans le sport depuis. Zak a participé à trois Jeux paralympiques (Londres, Rio et Tokyo) ainsi qu'à plusieurs autres tournois internationaux.

Zak, merci beaucoup de discuter avec nous aujourd'hui! Je me demandais simplement si vous pouviez parler de la façon dont le thème de la Journée internationale des personnes handicapées de cette année vous touche? En particulier, l'ONU considère le sport comme un exemple de secteur créateur d'équité, d'emploi et d'innovation pour les personnes handicapées. Quel impact le sport a-t-il eu sur votre vie?

Ma vie serait évidemment très différente si je ne faisais pas de sport. Après m'être fait amputer les doigts et les jambes à l'âge de 10 ans, le sport a joué un rôle clé dans ma rééducation physique et surtout mentale. Un autre avantage de s'impliquer dans le sport paralympique consiste en l'établissement de relations au fil des ans. Pour plusieurs, avoir un handicap peut parfois créer de l'isolement. Dans mon cas, il a été difficile dans mon enfance d’être l'une des seules personnes de mon école avec un handicap physique. Grâce à la communauté sportive, j'ai rencontré d'innombrables autres athlètes handicapés qui partagent à la fois une expérience de vie similaire et une passion pour le sport. 


Y a-t-il eu des innovations dans votre propre sport de rugby en fauteuil roulant qui ont amélioré l'inclusion ou l'équité?

Nous avons vu beaucoup d'innovations dans le sport du rugby en fauteuil roulant depuis sa création à Winnipeg en 1977. À l'origine, ce sport se pratiquait dans des fauteuils roulants lourds et encombrants de tous les jours. Plus de 40 ans plus tard, nous voyons maintenant des équipements hautes performances, durables et légers spécialement conçus pour le sport. Ceux-ci sont généralement adaptés à l'athlète selon son niveau de fonctionnement, avec un soutien et une stabilité accrus pour les athlètes dont les muscles du tronc sont limités, et des cadres personnalisés conçus pour accueillir les athlètes ayant des déficiences dans les membres. Cela a aidé des personnes ayant des handicaps plus importants à s'impliquer dans notre sport, tandis que les chaises leur permettent de concourir au plus haut niveau possible.

Avez-vous des conseils pour les personnes handicapées qui envisagent de faire du sport?

Il y a un sport pour tout le monde. Cependant, vous devrez parfois en essayer plusieurs pour trouver celui qui vous convient le mieux. La première étape consiste simplement à sortir et à les essayer! Il n'y a pas lieu d'être nerveux ou d'attendre que vous soyez la prochaine étoile paralympienne. Allez simplement vous amuser et, espérons-le, trouver une passion pour un nouveau sport qui créera des occasions incroyables, vous présentera de grandes communautés et changera votre vie de la meilleure façon imaginable.

Vous avez participé à trois Jeux paralympiques. Avez-vous prévu de concourir à Paris?

Oui! C'est mon projet actuel. Avant Tokyo, je ne savais pas si je continuerais la vie d'athlète de haut niveau. Cependant, j'ai toujours une passion brûlante pour le rugby en fauteuil roulant et le désir de ramener à la maison une autre médaille paralympique pour mon pays. De plus, le fait que les jeux de Tokyo aient été retardés d'un an signifiait qu'il ne s'agissait que d'un cycle de trois ans avant Paris, et cela donnait l'impression d'un engagement plus gérable. 

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Merci, Zak! Nous vous remercions sincèrement de prendre le temps de nous parler aujourd'hui. Si vous souhaitez en savoir plus sur Zak (et que vous croyez qu'il est un conférencier inspirant), vous pouvez assister à une table ronde paralympique sur la Journée internationale des personnes handicapées le 5 décembre. Zak sera accompagné par d'autres paralympiens et des membres de la communauté paralympique.


Découvrez les artistes derrière notre logo perlé – Partie 1

Personne n’aime faire l’objet d’un stéréotype. Historiquement, les Autochtones du Canada ont dû supporter des images racistes qui ne représentent pas l’entièreté de leur spectre culturel en tant que nations uniques et variées.  

Il y a plusieurs années, en prévision du Mois de l’histoire autochtone, nous avons consulté nos associés autochtones et les membres des communautés autochtones à propos du matériel visuel que nous avions l’intention d’utiliser pour l’occasion. Les images choisies, quoique respectueuses, étaient plutôt traditionnelles, montrant notamment des danseurs de pow-wow.

Un aîné et membre du conseil d’administration de l’une des nations autochtones a déclaré : « Nous sommes plus que des plumes et des peaux. Ce n’est pas tout ce qui nous représente en tant que nation. »

Nous avons pris ce commentaire à cœur et avons cherché à écouter, à apprendre et à comprendre comment mieux représenter la culture autochtone et notre respect pour nos relations avec les Autochtones. Nous avons ainsi découvert que l’art du perlage est un aspect important et magnifique de la culture autochtone. Les différentes nations et tribus utilisent des couleurs et des motifs uniques dans leur pratique du perlage, mais elles ont toutes en commun cet artisanat traditionnel.

Découvrez les artistes derrière notre logo perlé

Sachant cela, nous avons contacté nos partenaires autochtones et obtenu des recommandations d’artistes du perlage autochtones de la part d’associés, de chefs et de membres du conseil d’administration de nations autochtones. Nous avons demandé à des artistes de plusieurs Premières Nations du Canada de réaliser leur propre version perlée du logo de Petro-Canada. Notre intention était d’en choisir un, de le numériser et de le partager afin de reconnaître l’histoire et les expériences des Autochtones et de célébrer nos relations.

Mais après avoir vu les diverses créations, nous avons voulu toutes les partager – ainsi que l’histoire de chaque artiste – avec les Canadiens. Nous vous présentons ici quatre des artistes, ainsi que leur logo perlé.

 

Didi Grandjambe

Didi Grandjambe, artiste crie du perlage et résidente de la Première Nation de Fort McKay

Lorsque Didi a créé sa version du logo de Petro-Canada, ça lui a pris deux essais, mais elle savait ce qu’elle voulait faire. « Quand j’ai imaginé le résultat, je l’ai vu tout de suite. Je voulais faire un contour différent à la feuille d’érable. J’ai dû m’y reprendre à deux fois. J’ai défait le premier, mais j’ai obtenu ce que je voulais en réessayant. Il m’a fallu environ trois semaines de travail pour le terminer. »

Didi est heureuse de participer à l’initiative du logo perlé de Petro-Canada et espère que d’autres entreprises suivront l’exemple avec des projets qui amorcent un processus de sensibilisation. « Solliciter les gens de la région qui font de l’artisanat traditionnel, c’est une bonne façon de s’ouvrir à notre culture. Les gens commencent alors à poser des questions et à vouloir en apprendre davantage. »

En savoir plus sur Didi, son expérience du perlage et le rôle que des compagnies comme Petro-Canada, une entreprise de Suncor, peuvent jouer dans le processus de vérité et de réconciliation. 

 

Rosita Hirtle

Rosita Hirtle, artiste dénée du perlage de la Première Nation de Fort McKay

Les créations de Rosita s’inspirent à la fois de sa culture traditionnelle et de la culture populaire. « Le perlage déné est une source d’inspiration. Nos différentes approches pour réaliser les fleurs. Nos différentes couleurs. » Rosita ajoute en riant : « Mais j’ai aussi fait une poignée de téléphone représentant Yoda. J’aime l’artisanat. Je perds la notion du temps. Si je suis préoccupée ou stressée, je m’assois et je crée avec mes perles. Un espace de ma table de cuisine est réservé au perlage. Personne ne prend la chaise de maman! »

Rosita considère le perlage, et les autres arts visuels, comme un moyen de contribuer à la guérison et à la réconciliation. « L’art attire l’attention, donne de la reconnaissance à une cause. L’art permet d’amorcer la conversation. C’est quelque chose de concret qui nous fait dire : “Vous avez vu ça?” L’art aide à mettre des choses en lumière. Nous devons parler de certains sujets (comme les FFADA ou Chaque enfant compte) pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli. La guérison commence par la conversation. »

En savoir plus sur Rosita, ses 40 ans d’expérience du perlage et l’importance de l’apprentissage dans sa spiritualité.  

 

Janice Johnstone

Janice Johnstone, artiste du perlage et membre de la Nation crie de Muskeg Lake

Bien que Janice pratique le perlage depuis plus de vingt ans, elle n’avait jamais réalisé un capteur de rêves comme celui-ci. « J’en fais des petits pour la voiture ornés de plumes. Et j’en ai déjà fait un grand décoré de franges. Mais jamais un aussi grand avec une pièce centrale. J’ai utilisé le plus grand cerceau que j’ai pu trouver. La toile y occupe la moitié de l’espace, et la pièce centrale, l’autre moitié. Mais les franges ont été la partie la plus difficile. »

Pour Janice, des initiatives comme le projet de logo perlé de Petro-Canada contribuent de façon importante au processus de vérité et de réconciliation. « Demander à des artistes autochtones de participer et partager les cultures autochtones, ça aide. Afficher un logo comme celui-ci, autant à des établissements à travers le Canada qu’en ligne, ça aide. C’est une forme de reconnaissance de ce que les Autochtones ont vécu. C’est une idée géniale et je suis honorée qu’on m’ait demandé de participer. »

En savoir plus sur Janice, ses autres projets de perlage et son lien avec les pensionnats.  

 

Shantel Nawash

Shantel Nawash, artiste du perlage d’origine anichinabée (ojibwée) et traditionnelle pied-noir (nation Siksika), membre de la Première nation Saugeen

Lorsqu’on a demandé à Shantel de réaliser un logo pour Petro-Canada, elle savait qu’elle voulait qu’il soit fonctionnel. Elle ne voulait pas que ce soit simplement accroché dans le hall d’entrée, elle voulait qu’on puisse le porter lors d’événements, qu’on puisse le voir. Elle a donc choisi de réaliser un médaillon. « Le perlage est complexe et prend beaucoup de temps. Quand on crée avec ses mains, il y a une notion d’authenticité. Il y a quelque chose de très sacré. C’est une partie de soi. »

En plus de perler, Shantel est employée à temps plein de Suncor depuis 11 ans. Elle occupe actuellement le poste d’administratrice-analyste, GCA. Elle est également responsable du cercle de la sensibilisation culturelle pour Horizons, le groupe d’inclusion des employés autochtones de Suncor. Lorsque Shantel a commencé à collaborer avec Suncor en vue de soutenir la culture autochtone, elle a été surprise de constater à quel point cette dernière était peu connue, de la simple bannique aux questions plus complexes comme l’histoire des pensionnats au Canada. « Ce n’est pas que ça n’intéresse pas les gens. C’est qu’ils ne savent pas. Et comment peut-on s’intéresser à quelque chose que l’on ne connaît pas? C’est pour cette raison que la visibilité est vraiment importante. Tout au long du mois (national de l’histoire autochtone), je porterai ma jupe à rubans et mon foulard de Kokum. Plus on a de visibilité, mieux c’est! »

En savoir plus sur Shantel, sa pratique du perlage et son point de vue sur les traumatismes intergénérationnels.  

 

Un grand merci à ces artistes d’avoir participé à ce projet et raconté leur histoire! Nous sommes heureux de les partager avec vous. Nous vous présenterons la prochaine série d’artistes plus tard cet été.


Vivre et faire des affaires au Yukon – une entrevue avec Bobbi-Jane Kellestine

Chers lecteurs, j'ai une confession. Je n'aime pas l'hiver. Ou le froid. Ou la neige. Je suis une fervente amatrice des sports d'été. Je préfère la nage au ski, les vacances à la plage aux vacances à la montagne, et un pantacourt en lin à un parka. J'admire donc beaucoup les personnes qui vivent dans des régions extrêmement froides.

Igloo sur le Fish Lake. Photo : Ben Howie
Igloo sur le Fish Lake. Photo : Ben Howie

Je me suis récemment entretenue avec Bobbi-Jane Kellestine, directrice adjointe à Dall Contracting, un distributeur de carburant résidentiel et commercial en vrac au Yukon (en anglais seulement). Puisque Bobbi-Jane est la plus jeune chef de service, Carburant en vrac du réseau Ouest de Petro-Canada, je tenais à discuter avec elle de certains défis liés à la distribution de carburant dans les régions du nord du Canada, mais aussi à comprendre à quoi ressemble la vie en général sur la terre du soleil de minuit.

Bobbi-Jane Kellestine
Bobbi-Jane Kellestine

PC : Bonjour, Bobbi-Jane – merci de prendre le temps de parler du Yukon avec moi! Peux-tu m'en dire un peu plus sur ton parcours dans le nord du Canada?

BK : J'ai déménagé au Yukon avec ma mère en 2006 de Muskoka, en Ontario. Muskoka est un endroit extraordinaire, et je vais toujours chérir mes souvenirs de la vie là-bas, mais le Yukon est mon chez-moi. Au fil des ans, j'ai eu la chance de pouvoir explorer une si grande partie de ce territoire captivant, et aujourd'hui, je ne peux m'imaginer vivre autre part. J'ai suivi un programme à l'Université du Yukon (autrefois le Collège du Yukon) pour devenir assistante médicale. J'ai occupé différents postes dans les soins de santé au cours des dernières années, mais à l'été 2019, j'avais besoin de changement.

Une journée de janvier 2022 à Whitehorse. Si. Froide.
Une journée de janvier 2022 à Whitehorse. Si. Froide.

PC : Comment as-tu intégré l’industrie pétrolière et gazière?

BK : En tant que jeune femme ojibwée, j'hésitais un peu à poser ma candidature à un poste dans l'industrie pétrolière sans avoir une expérience connexe, mais j'ai soumis ma candidature à Dall Contracting, et finalement découvert ma véritable passion. J'ai eu la chance de trouver une entreprise comme Dall qui était prête à me guider et à me conseiller tandis que je plongeais tête première dans l'apprentissage du fonctionnement interne d'une usine de pétrole en vrac. J'ai eu accès à un si grand nombre de ressources et mentors extraordinaires qui m'ont aidée à élargir mes connaissances de l'industrie, dont j'ai pu tirer parti pour intégrer un poste de gestion à notre usine de vrac de Whitehorse.

PC : En quoi consiste le travail à Dall Contracting? Quelle est votre clientèle cible?

BK : Nous exploitons cinq usines de vrac à Whitehorse et Watson Lake au Yukon et à Fort Nelson, Fort St John et Dawson Creek en Colombie-Britannique. Nous fournissons du pétrole à un large éventail d'industries diversifiées, y compris pour l'exploitation minière, le forage, la construction, l'entretien des routes, l'agriculture, le secteur automobile, la foresterie et plusieurs autres. De plus, les établissements Dall Contracting offrent des services de cartes-accès commerciales, de livraison de mazout domestique et d'approvisionnement en lubrifiants*. À Whitehorse, nous nous distinguons également comme établissement à carte-accès commerciale le plus au nord dans le territoire du Yukon.

Pont ferroviaire de Carcross. Photo : Ben Howie
Pont ferroviaire de Carcross. Photo : Ben Howie

PC : Quels défis uniques rencontres-tu lorsque tu appuies tes clients?

BK : Durant la journée la plus courte de l'année à Whitehorse, le soleil se lève à 11 h 09 et se couche à 16 h 46. En décembre, il y a eu plus de 21 journées où il a neigé, et en janvier, les températures locales ont atteint -45 degrés Celsius, -51 avec le facteur vent. De telles conditions font en sorte que la journée de travail est très longue et sombre. C'est durant des journées comme celles-ci, où rien ne fonctionne en raison de la température extrême, que nos chauffeurs sont appelés à aider nos clients. Ils se heurtent à de l'équipement gelé, d'immenses amoncellements de neige, des conditions de conduites difficiles et d'innombrables défis pour s'assurer que nos clients, ainsi que leur maison et leur entreprise, soient en sécurité, au chaud et bien traités.

South Canol Road au Yukon. Photo : Ben Howie
South Canol Road au Yukon. Photo : Ben Howie

Dans le nord, les avalanches, coulées de boue, feux de forêt et inondations sont tous des défis auxquels nous faisons face chaque année à l'échelle locale, mais nous ressentons aussi les impacts liés à la fermeture des routes qui en découlent. Nous faisons de notre possible en tant que collectivité pour se préparer et s'appuyer les uns les autres après la crise, mais ce n'est pas toujours facile.

PC : Selon toi, existent-ils des secteurs de croissance particuliers au Yukon?

BK : Je crois qu'il est important d'appuyer les entreprises locales en y achetant les articles que nous utilisons le plus lorsque c'est possible, et je suis fière d'être en mesure de fournir des carburants canadiens de qualité. L'industrie agricole au Yukon, où il y a plus de 10 000 hectares de terres agricoles, est très florissante. L'agriculture dans le nord présente un ensemble de défis uniques que les Yukonais semblent déterminés et prêts à affronter. Je pense que l'occasion de croître avec la communauté agricole locale et de la soutenir est très intéressante.

PC : Quels autres aspects du Yukon souhaiterais-tu présenter à nos lecteurs?

BK : On trouve au Yukon certains des paysages et décors les plus spectaculaires au pays. Le plus petit désert au monde, d'une superficie de 1,6 km2, est situé à Carcross. 17 des 20 montagnes les plus hautes au pays se trouvent au Yukon, dont le mont Logan, le sommet le plus élevé au Canada à 5 959 m. Le fleuve Yukon, d’une longueur de 3 190 km, est le deuxième plus long fleuve du Canada. Nous sommes très chanceux de pouvoir vivre, travailler et nous divertir parmi ces endroits phénoménaux. Comme récompense pour avoir survécu aux terrains de jeux hivernaux du Yukon et y avoir prospéré, nous pouvons compter sur les étés yukonais. Dans certaines régions où le soleil reste levé jusqu'à 24 h, on peut pleinement profiter d'une belle journée.

Fleuve Yukon. Photo : Ben Howie
Fleuve Yukon. Photo : Ben Howie

PC : Y a-t-il des aspects de la vie dans une région plus au sud qui te manquent?

BK : Le Yukon me satisfait grandement, mais si je devais souligner une chose qui me manque de la vie dans une région plus au sud, je dirais que c'est de profiter de la chaleur et de l'obscurité au même moment. C'est agréable de se réunir entre amis autour d'un feu, au clair de lune, lors d'une soirée chaude, au lieu de se rassembler sous le soleil de minuit.

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Bobbi-Jane, merci de nous en avoir appris davantage sur la vie et le travail au Yukon! Et merci à Ben Howie de nous permettre de publier certaines de ses photos. Pour voir plus de photos de Ben et en savoir plus sur la vie au Yukon, consultez notre publication sur Instagram.

~ Kate T.

*Les lubrifiants Petro-Canada sont fournis par Lubrifiants Petro-Canada Inc., une filiale en propriété exclusive de HollyFrontier. 


Faire avancer les choses – une conversation avec Melba Da Silva sur l'inclusion et la diversité

Dans le cadre de Parlons carburant, j'ai eu l'immense privilège de m'entretenir avec plusieurs membres de la famille Petro-Canada au cours des dernières années. Ces personnes m'ont partagé leurs histoires, particulièrement en ce qui a trait à l'inclusion et à la diversité : Chris Forward a souligné à quel point il était important que les personnes LGBTQ2S+ puissent être authentiques au travail, Melissa Tacan nous a encouragés à « mettre du cœur » dans la vérité et la réconciliation, et Andrea Decore nous a rappelé que la diversité au travail n'est pas qu'un enjeu social, mais aussi un enjeu économique (anglais seulement).

Ces entrevues m'ont amenée à réfléchir longuement sur la façon d'être une alliée. En tant que personne LGBTQ2S+, j'ai une bonne idée de ce que signifie être une bonne alliée, mais en tant que Blanche, je sais que j'ai beaucoup de chemin à faire pour appuyer les collègues noirs et de couleur. Alors, ce n'est pas sans coïncidence que j'ai décidé de m'entretenir avec Melba Da Silva dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs. Melba compte 20 années de service à Petro-Canada, au sein des activités du secteur Aval, et c'est une membre fondatrice du réseau Mosaïque à Suncor (fière propriétaire de Petro-Canada). Ce réseau est constitué d'alliés, de défenseurs et d'employés noirs qui sont habilités, informés et bien placés pour exercer une influence positive sur le parcours lié à la culture et les employés de Suncor.

Melba Da Silva

J'ai discuté avec Melba de son point de vue sur la diversité, de ce que signifie être Noire au travail et de la façon dont les collègues peuvent être solidaires et de vrais alliés.

PC : Melba, merci de vous entretenir avec moi! J'aimerais commencer par discuter du Mois de l'histoire des Noirs. Je dois l'avouer, j'hésitais un peu à faire cette entrevue, car je ne voulais pas simplement « cocher une case » pour faire quelque chose pour le Mois de l'histoire des Noirs à Parlons carburant.

MD : Laissez-moi vous poser une question : depuis que nous avons commencé à discuter (note de l'éditeur : nous avons eu trois rencontres pour discuter de cet article), avez-vous parlé à d'autres personnes des enjeux que nous avons abordés? Si oui, alors vous n'avez pas simplement « coché une case ». Être un allié est répétitif; il faut persister.

Simplement en tenant ces conversations, nous changeons les choses en ce qui a trait à l'inclusion, à la diversité et à la compréhension. Certes, c'est un petit pas, mais c'est tout de même un pas en avant. Je travaille dans le développement agile, et voici ma philosophie pour l'inclusion et la diversité : apportez un petit changement, évaluez la situation et, si cela fonctionne, répétez.

PC : Parlez-moi de votre expérience en tant que Noire au Canada.

MD : Je ne m'étais jamais perçue comme différente jusqu'à ce que je fasse l'objet de discrimination en tant que Noire et femme. Par exemple, lorsque nous avons d'excellents leaders (au travail), nous avons tendance à observer leurs qualités et à essayer de reproduire ce qui a contribué à leur réussite. Toutefois, j'ai appris que je ne pouvais pas imiter les qualités des leaders hommes et blancs, car je serais perçue comme agressive. J'avais l'impression de ne pas avoir de voix.

En tant que Noire, je dois être consciente que toutes les personnes qui interagissent avec moi ont leurs propres préjugés inconscients. Si je veux réussir, j'ai beaucoup de travail à faire.

Mais ce qui fait vraiment ressortir le problème du racisme systémique au Canada, c'est la façon dont mon fils est traité. Chaque fois qu'il conduit ma voiture, il se fait arrêter par la police. Une fois, il était dans le métro de Toronto et il est sorti de la station par la mauvaise porte : la sécurité de la TTC l'a confronté de façon agressive. S'il porte un chandail à capuchon, il est considéré comme dangereux. Et cela n'a rien à voir avec la personne qu'il est. Un collègue blanc m'a déjà dit qu'il n'y avait pas de racisme systémique au Canada. Je lui ai rappelé à quel point nos fils seraient traités différemment s'ils étaient arrêtés par la police. Cela l'a amené à réfléchir.

Un autre exemple très actuel du racisme systémique au Canada : le Convoi de la liberté. Les gens qui manifestent ont le droit de construire des forts et d'apporter du propane sur place. Si c'était une manifestation dans le cadre de Black Lives Matter, rien de cela ne serait permis, et on aurait mis fin immédiatement au mouvement avec force.

PC : Avez-vous des recommandations pour les gens qui souhaiteraient devenir de meilleurs alliés (ressources, attitudes, etc.)?

MD : L'alliance ne se résume pas à discuter de certaines choses : il faut agir, et ce, de différentes façons. D'abord, nous devons tous tenir davantage de conversations difficiles et être à l'aise d'avoir ces conversations. Nous devons désapprendre et réapprendre certains de nos concepts fondamentaux à propos des Noirs.

Les dirigeants d'entreprise, tout particulièrement, ont une responsabilité. Nous avons besoin de défenseurs dans les salles de réunion, surtout quand vient le temps de prendre des décisions concernant l'embauche ou les promotions. Remarquez le langage que vous utilisez pour décrire quelqu'un – est-ce qu'une personne est vraiment agressive ou tout simplement affirmée, et vous la cataloguez de la sorte simplement parce qu'elle est Noire? L'alliance véritable, c'est quand un leader fait remarquer à un autre qu'il a des préjugés.

En ce qui concerne l'éducation, faites vos devoirs. Il existe une panoplie de livres, de films et d'histoires sur YouTube. N'oubliez pas : vous pouvez apprendre sur l'excellence des Noirs et l'histoire des Noirs même si ce n'est pas le mois de février. Une de mes collègues m'a mentionné récemment qu'elle avait regardé la série Women of the Movement (anglais seulement). J'ai beaucoup de respect pour quelqu'un qui prend l'initiative d'en apprendre davantage sur l'histoire des Noirs.

Si vous ne savez pas quelque chose, posez des questions. Il est tout à fait acceptable de reconnaître que vous ne connaissez ou ne comprenez pas l'expérience que vit un Noir et de vous renseigner. Il est important de faire preuve d'humilité en abordant des sujets délicats et d'être prêt à vous excuser si vous commettez une erreur. Dans une réunion, j'ai déjà dit que je me trouvais « au bas du mât totémique ». Par la suite, quelqu'un m'a fait remarquer à quel point cette expression était raciste. Je me suis tout de suite excusée auprès du groupe. Ce n'est pas un travail facile. Nous avons tous la possibilité d’apprendre les uns des autres.

PC : Quelles leçons avez-vous tirées de votre travail dans l’espace I et D?

MD : Depuis que je suis dans l'espace I et D, je me sens extrêmement comblée. J'ai appris que les liens sont cruciaux et que les gens peuvent être beaucoup plus productifs et atteindre des limites qui dépassent l'imagination. J'ai compris l'importance de trouver ces liens : quand des personnes apprennent qu'elles partagent les mêmes intérêts, il y a un moment d'excitation et d'appartenance.

Par exemple, j'ai déjà travaillé avec une nouvelle diplômée d'origine asiatique. Elle m'a raconté qu'elle s'était rendue dans un magasin haut de gamme pour acheter un sac à main dispendieux. Les employés du magasin l'ont traitée avec peu d'égard : elle a senti qu’ils la discriminaient et qu'ils ne pensaient pas qu'elle avait les moyens de se payer le sac à main parce qu'elle était Asiatique. Nous avons essayé de discuter de discrimination, mais le lien ne se faisait pas.

Alors, j'ai changé le scénario. Ma famille cuisine le manioc, un légume-racine. Elle m'avait mentionné que sa mère cuisinait le yucca : c'est le même légume, seul le nom est différent. Lorsque je lui ai raconté cela, elle m'a parlé de sa mère et des différents plats qu'elle cuisinait. Et c'est grâce à cette conversation que nous avons établi un lien, et non grâce à celle sur la discrimination.

Voilà le secret de la réussite pour l'inclusion et la diversité : les gens peuvent tisser des liens grâce à des intérêts communs. Bien sûr, les liens créés avec des personnes qui vivent les mêmes difficultés que nous sont les plus profonds, mais il est tout à fait possible de tisser des liens grâce à des intérêts communs.

C'est en partageant des intérêts communs avec des personnes ayant des expériences de vie différentes que nous pourrons combattre le racisme systémique. Par exemple, dans un groupe de leaders qui prennent des décisions d'embauche, quelqu'un pourrait dire : « Embauchons Johnny! » Lorsqu'un autre lui demanderait pourquoi, il pourrait dire : « Parce qu'il me fait penser à moi quand j'avais son âge. » Il s'agit là d'un autre exemple de racisme systémique : quelqu'un qui me ressemble n'aura aucune chance, car personne autour de la table ne pourrait dire la même chose. Les gens ont tendance à embaucher des personnes qui leur ressemblent. C'est l'un des obstacles que nous devons surmonter – et l'un des avantages d'avoir un réseau d'employés comme Mosaïque à Suncor.

PC : Vous avez participé à la création du réseau Mosaïque à Suncor. Comment cela s'est-il déroulé? Qu'est-ce qui vous a surpris à propos de l'expérience?

MD : Le réseau Mosaïque est composé de personnes qui s'entraident, qui stimulent le changement, qui offrent du mentorat et qui se soutiennent. Il comprend des gens qui peuvent nous guider dans nos carrières. Il est important de travailler avec des gens qui nous ressemblent et qui partagent les mêmes douleurs et les mêmes difficultés; c'est vraiment inspirant. Les membres du réseau sont un peu comme ma famille : on ne s'entend pas toujours, mais on a tous le même objectif.

Le réseau Mosaïque m'a permis d'avoir des conversations inattendues – le plus étonnant, peut-être, à propos des cheveux. En tant que femme noire, mes cheveux sont souvent un sujet de conversation. Mes cheveux au naturel sont parfois perçus comme « non professionnels » ou « non appropriés » au travail. Je fais aussi face à de micro-agressions sur une base régulière, avec les gens qui veulent toucher à mes cheveux. J'en ai parlé lors d'une réunion de Mosaïque et j'ai tissé quelques liens inattendus. D'abord, des collègues ayant des enfants métissés ont parlé des défis qu’ils vivaient. Puis, un collègue blanc plus âgé m'a parlé de son enfant qui avait teint ses cheveux bleus : en apprenant à quel point mes cheveux étaient importants pour moi, pour mon identité, il a pu mieux comprendre comment établir un lien avec son enfant.

C'est merveilleux d'avoir un réseau qui vous soutient et qui soutient votre carrière et votre culture. Je suis tellement heureuse quand je me connecte à une réunion et que je vois un si grand nombre de personnes noires et de couleur à l'écran, de voir autant de Noirs talentueux et accomplis qui travaillent ensemble, détiennent différents diplômes et parlent différentes langues. Nous avons vraiment des employés noirs hors pair qui travaillent à Suncor.

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Melba, merci énormément d'avoir partagé votre expérience avec nous et de nous avoir fait part de différentes façons de favoriser la compréhension et de devenir d'excellents alliés. Nos conversations très intéressantes m'ont remplie d'humilité et m'ont rappelé qu'en tant que Blanche, j'ai bénéficié du racisme systémique.

Personnellement, j'essaie de m'assurer que les livres que je lis ou les séries que je regarde incluent du contenu créé par des Noirs. L'un des livres que j'ai le plus aimés récemment s'intitule You’ll Never Believe What Happened to Lacey: Crazy Stories About Racism, écrit par Amber Ruffin (comédienne et animatrice de télévision américaine) et sa sœur, Lacey Lamar. Le livre parle des micro-agressions et du racisme que vivent actuellement les Noirs, avec une pointe d'humour et d'incrédulité. Cette lecture fut une véritable prise de conscience et m'a poussée à déployer davantage d'efforts pour devenir une bonne alliée.

Avez-vous des ressources ou des histoires que vous aimeriez partager? Laissez un commentaire ci-dessous.

~ Kate T.