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Créer un espace pour la vérité et la réconciliation grâce à l’art – voici Jessey Pacho

En septembre dernier, à l'occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous vous avons présenté Keegan Starlight, auteur de la première des six murales commandées par Petro-Canada à des artistes autochtones à l'échelle du Canada. Nous sommes heureux de constater que la seconde murale de cette série, intitulée « Our Children » est maintenant terminée - à notre établissement du 117, Jarvis Street à Toronto. La murale est l'œuvre de Jessey Pacho, alias Phade – un artiste noir de Toronto (anglais seulement), et d'un artiste autochtone qui a choisi de demeurer anonyme par respect pour sa famille. Jessey nous parle de leur approche artistique et leur vision de l'œuvre « Our Children ».

Jessey Pacho (alias Phade)
Jessey Pacho (alias Phade)

Parlons carburant : Pourquoi l'art est-il une forme importante de narration?

Jessey Pacho : L'art contribue à préserver les histoires. Des histoires qui, en grande partie, ont été ignorées ou dissimulées par la société canadienne. Pour ce projet, j'ai fait équipe avec un artiste autochtone et c'est important de faire vivre cette murale dans un lieu public et bien en vue comme celui-ci, car elle dit au monde entier que ces gens, qui ont pratiquement été éliminés de ce pays, sont encore là et que leur présence est bien vivante et enrichissante. L’art peut faire avancer la conversation. C'est un outil très puissant pour raconter des histoires.

PC : Jessey, où trouvez-vous votre inspiration pour votre art?

JP : J'ai tout d'abord exercé une forme d'art très nichée qui est associée à de nombreuses connotations négatives. Aujourd'hui, je peux créer dans des espaces publics et mon art est mieux accepté par l'ensemble de la société malgré une forme qui est encore parfois jugée illégale; cela m'inspire vraiment.

De plus, en tant que représentants de la communauté noire et de la communauté autochtone, nous nous servons de notre art pour nous exprimer sur des sujets qui nous tiennent à cœur. C'est la possibilité de créer dans un lieu public qui nous a inspirés. Sur le plan purement artistique, j'aime jouer avec les couleurs et créer des images qui susciteront des questions comme « Comment l'artiste en est-il arrivé à créer cette œuvre?! » chez les gens qui les observent.

PC : Quelle histoire dépeignez-vous dans la murale?

JP : Pour ce projet, j'ai fait équipe avec un artiste autochtone qui appartient à la deuxième génération des survivants des pensionnats – des membres de sa famille ont été directement touchés par le système des pensionnats autochtones. Cette murale parle précisément de la situation que nous vivons actuellement en tant que pays par rapport aux pensionnats autochtones et aux découvertes des enfants autochtones qui ont fréquenté ces institutions.

Sur plan de l'image, on voit le soleil qui se lève sur une masse terrestre – qui pourrait se trouver n'importe où, mais qui représente l'un des nombreux territoires non cédés au Canada. Nous avons choisi cette image pour que les gens y voient quelque chose de brillant et de coloré, mais qu'ils captent aussi un niveau plus profond.

Certains personnages apparaissant sur la murale ainsi que la robe qu’ils portent sont inspirés de la culture haudenosaunee. De plus, un des personnages est un Afro-Autochtone; les Afro-Autochtones sont présents partout dans le monde depuis fort longtemps, mais ils sont largement méconnus et ne font pas partie de la conversation. En mettant de l'avant un Afro-Autochtone sur ce mur, nous rendons hommage à cette communauté et reconnaissons sa présence dans ce pays.

On peut aussi lire les mots « Our Children » en cayuga au centre de la murale. Il ne reste que 60 locuteurs de la langue cayuga dans le monde et cette situation est directement attribuable à la mise en place du système de pensionnats autochtones. Il est important pour nous de présenter des aspects authentiques de la culture autochtone sur ce mur, car on en voit peu dans la sphère publique. Il s'agit d'aspects importants de l'histoire de ce pays qui doivent être mis de l'avant.

« Our Children » par Jessey Pacho (alias Phade) et un artiste autochtone anonyme
« Our Children » par Jessey Pacho (alias Phade) et un artiste autochtone anonyme

PC : Pour vous, que signifie la réconciliation?

JP : La réconciliation, c'est prendre des mesures pour faire mieux pour notre population autochtone. Chaque Canadien qui tire des avantages de ce territoire a une responsabilité envers les membres de la population autochtone. Ils sont les premiers habitants de ce pays qui est le nôtre. En tant que nation, il est important de reconnaître les expériences des peuples autochtones et de s'assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons pour limiter le tort causé aux peuples autochtones attribuable à notre mode de vie canadien. Pour créer des espaces où les Autochtones se sentent accueillis et en sécurité.

PC : En tant qu'entreprise, Suncor (fière société mère de Petro-Canada) est sur un parcours vers la réconciliation. De quelle façon l'art contribue-t-il à la guérison et à la réconciliation ? Qu'est-ce que les entreprises comme Petro-Canada peuvent-elles faire d'autre pour favoriser la guérison et la réconciliation au Canada?

JP : L'art préserve ces histoires et maintient à l'avant-plan des conversations les expériences de ceux qui ont été touchés par ces atrocités. L'art crée aussi des occasions. Petro-Canada a donné l'occasion à un artiste noir et à un artiste autochtone de partager leurs histoires dans un espace public bien en vue.

En faisant équipe de cette façon avec Petro-Canada, nous démontrons aux autres membres de l'industrie qu'il existe une façon appropriée de travailler avec les communautés autochtones. Les entreprises comme Petro-Canada peuvent agir pour favoriser la guérison et la réconciliation en sachant où vont leurs investissements et en s'assurant qu'ils ne sont pas dirigés vers des projets qui nuisent aux Autochtones qui vivent sur des territoires non cédés.

Vous pouvez en découvrir davantage sur le processus créatif de Jessey dans la vidéo suivante (anglais seulement).

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Un énorme merci à Jessey et à son collaborateur autochtone pour la création de cette murale et le partage de leur vision de la réconciliation; pour voir d'autres œuvres, consultez la page Instagram de Jessey!

Au cours des prochains mois, nous présenterons nos autres muralistes et révélerons leurs créations. Restez à l'affût de notre page Instagram pour obtenir un aperçu de leur travail.

~Kate T.


Célébration du jour du Souvenir avec Yvette Yong - athlète FACE, olympienne et réserviste navale

Chaque jour du Souvenir, nous publions des articles sur le site Parlons carburant à propos de membres de la famille Petro-Canada qui rendent hommage à ceux qui servent dans les Forces armées canadiennes et soulignent les retombées positives de leur service. Cette année, j'ai eu le plaisir de m'entretenir avec Yvette Yong, matelot de 2e classe. Yvette, qui a joint les rangs de la Marine royale canadienne en tant que réserviste en 2010, occupe actuellement le poste de spécialiste en communications navales du NCSM York à Toronto.

Yvette est aussi une athlète de taekwondo de calibre mondial. Elle a remporté de nombreuses médailles lors de compétitions internationales, notamment aux Jeux mondiaux militaires, aux Championnats mondiaux militaires, aux Championnats du Commonwealth, aux Championnats mondiaux et aux Championnats panaméricains; elle est (actuellement?) classée première au monde dans sa catégorie de poids. Plus tôt cette année, Yvette a participé aux Jeux olympiques 2020 à Tokyo. Enfin, Yvette est une récipiendaire de la bourse du programme Favoriser les athlètes et les entraîneurs à la conquête de l'excellence (FACEMC) de Petro-Canada (2007).

Yvette Yong

Parlons carburant : Merci beaucoup de partager votre expérience avec nos lecteurs! Pour débuter, pouvez-vous me parler un peu de votre expérience militaire?

Yvette : Ma carrière militaire a en fait commencé grâce à ma carrière en taekwondo. Je participe à des compétitions de taekwondo depuis que j'ai 9 ans – donc ça fait un peu plus de vingt ans. Les Forces armées ont une équipe nationale de taekwondo. Lors d'un combat en 2010, un représentant de l'armée m'a vue à l'œuvre et a parlé à ma mère de différentes occasions, notamment de poursuivre dans mon sport, tout en faisant partie de l'armée. J'ai alors compris que s'engager dans l’armée ça ne veut pas nécessairement dire aller à la guerre. C'est plutôt pour redonner au Canada, non pour être sur les lignes de front.

J'ai pensé que la marine me plairait – surtout parce que j'ai grandi et étudié à Vancouver. Et je voulais vraiment redonner à ce pays qui a accueilli mes parents en tant qu'immigrants.

Yvette Yong

Une fois dans l'armée, j'ai passé des tests d'aptitudes pour voir quelles étaient mes forces. C'est ensuite que je me suis tournée vers les communications navales. Le spécialiste en communications navales gère les circuits externes vocaux – en fournissant des renseignements tactiques pour appuyer les opérations. Vous êtes témoin de tout ce qui se passe, de toute l'information qui entre et qui sort.

PC : Quels ont été les meilleurs moments ou les moments les plus surprenants de votre carrière militaire?

Yvette : Le meilleur moment pour moi est de pouvoir combiner le sport et la carrière militaire. En 2018, j'ai été nommée Athlète militaire féminine internationale de l’année par le Conseil international du sport militaire (CISM). C’est la première fois qu’un membre des Forces armées canadiennes avait l’honneur d’être nommé Athlète de l’année du CISM. J'étais très honorée et fière d'avoir été choisie; ce prix est remis à un athlète ayant fait preuve de franc-jeu, d’empathie et de discipline. C'est la réelle communion de mes deux mondes : le sport et la carrière militaire.

La devise du CISM est « L'amitié par le sport » (anglais seulement) et lors des compétitions du CISM, vous oubliez vraiment tout ce qui vous entoure. L'amitié par le sport, j'y crois vraiment. Je sens que je peux être un modèle en étant à la fois athlète et membre des Forces armées.

Yvette Yong

PC : De quelle façon votre rôle de militaire a-t-il influencé votre style ou votre routine en compétition?

Yvette : Mon travail dans la marine, dans la salle de contrôle des communications, me demande d'être constamment en alerte. Je dois être en mesure de prendre des décisions sur-le-champ et rapidement. Je dois pouvoir communiquer clairement sous pression. Ça ressemble à un combat de taekwondo – il faut agir sur-le-champ et réagir immédiatement. L'armée m'a vraiment permis d'acquérir ces compétences.

[pic of Yvette – competing in a match?]

PC : Faites-vous quelque chose de spécial à l'occasion du jour du Souvenir?

Yvette : Le jour du Souvenir, il y a une parade officielle – habituellement devant l'hôtel de ville – et nous observons un moment de silence pour rendre hommage aux soldats qui ont combattu pour notre pays, aux soldats qui servent aujourd'hui et à tous ceux qui assurent notre liberté, notre sécurité et notre tranquillité d'esprit.

PC : Selon vous, que doivent savoir les Canadiens sur ce que cela veut dire de faire partie des Forces armées canadiennes?

Yvette : S'engager dans l’armée, ça ne veut pas nécessairement dire aller à la guerre. Nous sommes formés pour accomplir tant de choses – pour être prêts à fournir de l'aide humanitaire peu importe où nous avons besoin de nous; à lutter contre les incendies et les inondations et organiser de l'hébergement. Il y a quelques années, je participais à une mission de recherche et sauvetage sur les côtes de l'ile de Vancouver où plusieurs feux de forêt faisaient rage. Nous naviguions tout le long de la côte tout en recevant des appels et nous préparant à évacuer ou à aider d'une façon ou d'une autre. Être membre des Forces armées canadiennes, c'est bien plus que se tenir sur la ligne de front. C'est l'occasion d'apprendre et de mettre à profit nos compétences pour servir notre pays de tant de façons.

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Merci infiniment, Yvette, de nous avoir parlé de votre carrière militaire et en taekwondo. Nous avons hâte d'entendre parler de vos succès à venir.

Si vous voulez suivre les compétitions d'Yvette, consultez sa page Instagram (anglais seulement) et Facebook (anglais seulement).

~Kate T.